États-Unis : plus de la moitié des morts imputables à la police ne sont pas signalées, selon une étude

Selon des recherches publiées dans la revue The Lancet, environ 17.000 morts causées par des policiers américains entre 1980 et 2018 ne sont pas comptabilisées dans les données officielles.

Plus de la moitié des morts causées par des violences policières aux États-Unis entre 1980 et 2018 n’ont pas été reportées dans les données officielles, selon une étude parue la semaine dernière dans The Lancet.

Menée par des chercheurs à l’Institut de statistiques pour la santé publique (IHME) de l’Université de Washington, l’étude s’appuie sur trois sources de données indépendantes.

Plus de 17.000 morts non-répertoriés

La première, The Counted, le site du journal britannique du Guardian, recense les personnes tuées par la police aux États-Unis. Les deux autres sources sont Fatal Encounters et Mapping Police Violence, des projets soutenus par des journalistes et/ou citoyens américains.

« Toutes ethnies et tous États confondus dans les États-Unis, nous estimons à 30.800 (avec une marge d’erreur de 500 personnes) le nombre de morts causées par des violences policières entre 1980 et 2018 », écrivent les chercheurs.

Selon ces derniers travaux, le nombre de décès causés par des violences policières et non répertoriés dans le NVSS – le système gouvernemental qui répertorie les données de la population américaine – s’élève à environ 17.100 (entre 16.600 et 17.600), soit un peu plus de 55% du nombre de morts causées par des policiers américains.

Le taux de mortalité par la police bien plus élevé chez les Afro-américains

« Au cours de cette période, le taux de mortalité standardisé selon l’âge était plus élevé chez les noirs non hispaniques », relèvent les auteurs de l’étude, soutenant que ces derniers ont 3,5 fois plus de risque d’être tués par les policiers que les Américains blancs.

« Les récents meurtres de personnes noires par la police ont attiré l’attention du monde entier sur cette crise urgente de santé publique, mais la gravité et l’ampleur de ce problème ne peut être pleinement comprise sans donnés fiables », regrette dans le Guardian Fablina Sharara, plaidant pour une meilleure méthodologie de la collecte de données par les autorités américaines.

Pour la chercheuse à la faculté de médecine de Washington et co-autrice principale de l’étude, « les signalements inexacts ou la classification erronée de ces morts ne font que cacher le problème plus large qu’est le racisme systémique, présent dans de nombreuses institutions du pays, dont les forces de l’ordre ».

Abandon d’un projet de réforme de la police

D’autant que les chercheurs accusent la police américaine d’un conflit d’intérêt sur la question du recensement des décès. Les officiers de justice américains en charge d’enquêter sur les circonstances d’un décès sont fréquemment intégrés aux services de police et peuvent donc être dissuadés de conclure que des morts sont causés par des collègues.

« Le même gouvernement responsable de ces violences est aussi responsable de les signaler », déplore Fablina Shahara.

En conclusion, les auteurs de l’étude plaident pour un meilleur signalement des violences policières, jugeant les dispositifs déjà en vigueur, comme la caméra embarquée, inefficaces pour prévenir des violences policières. Fin septembre, les sénateurs américains ont annoncé mettre un terme aux négociations visant à faire naître un vaste projet de réforme de la police aux États-Unis. Un revers pour Joe Biden, qui avait fait du « George Floyd Justice in Policing Act » (nommé ainsi en référence à la mort de George Floyd, NLDR) l’une des priorités de son mandat.

Article original publié sur BFMTV.com

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