La fermeture des frontières entre Conakry et Dakar « viole les statuts de la CEDEAO en matière de la libre circulation… », dénonce l’opposant Ibrahima Sory Camara (Interview)

A la suite de la grâce présidentielle accordée à certains prisonniers politiques ou encore la fermeture des frontières terrestres entre Conakry et Dakar, la rédaction de votre quotidien d’informations générales www.guineerealite.info s’est rapprochée, samedi 10 juillet 2021 à Conakry, du  président du parti de l’Unité et la Liberté pour le Développement (ULD), pour sa lecture des faits. 
Ibrahima Sory Camara, puisque c’est de lui qu’il s’agit, n’est pas allé du dos de la cuillère pour dénoncer la fermeture des frontières qui, selon lui, viole systématiquement les statuts de la CEDEAO en matière de la libre circulation de ses citoyens. 
Un acte à saluer, déclare-t-il, en se prononçant sur la grâce présidentielle accordée à certains prisonniers politiques. 
Lisez plutôt son interview !
Guinée Réalité : Quelle est votre réaction face à la grâce accordée à certains prisonniers politiques ?
Ibrahima Sory Camara : « A mon humble avis, je crois que la grâce présidentielle est toujours un acte à saluer (…) Cet acte met fin aux conditions carcérales très difficiles et rétablit le citoyen privé de ses droits et libertés fondamentales à tort ou à travers. Maintenant pour le cas spécifique de cette grâce accordée aux politiques je crois que le président de la République s’inscrit dans une logique d’apaisement. Cependant je pense que des journées de débat doivent être consacrées au fonctionnement de notre système judiciaire pour une justice équitable pour tous. »
Au dernier sommet des chefs d’États de la CEDEAO, le président Embalo de la Guinée Bissau a interpellé le président en exercice de l’organisation sur la fermeture prolongée des frontières entre la Guinée et le Sénégal et entre la Guinée et la Guinée Bissau.  En tant que leader politique, quelle lecture faites-vous ?
« Je suis d’accord sur le fond même si la forme utilisée par le président Embalo  manque de diplomatie (…) Le problème de l’intégration est l’un des défis majeurs auxquels les dirigeants africains doivent faire face. Qui parle d’intégration africaine parle forcément d’intégration sous régionale. Cette fermeture prolongée viole non seulement les statuts de la CEDEAO en matière de la libre circulation des citoyens entre les Etats membres mais fragilise surtout les économies. Personnellement au delà des égos je pense que l’ouverture de ces frontières doit se faire sans délai. »
Quelle est la position de votre parti sur le cadre de Dialogue permanent récemment lancé par le chef de l’État, avec à sa tête Fodé Bangoura, ancien dignitaire du régime du général Lansana Conté ?
« Le débat d’idée étant le socle même de la démocratie, le cadre permanent du dialogue est un espace qui permet aux différents acteurs de venir discuter des questions essentielles de la vie de la nation de façon inclusive et constructive. Ce cadre de dialogue est une perche tendue du président de la République aux différents acteurs dans la mesure où le pays se retrouve dans une impasse socio-politique. Cependant le débat sur la sincérité de ce cadre de dialogue se retrouve sur les lèvres de la majorité des acteurs. Le non-respect des accords précédents explique cette réticence de la classe politique à participer à ce dialogue. Le devoir incombe au président de la République de rassurer les autres acteurs, cela par des gestes forts. » 
Depuis la dernière élection présidentielle, beaucoup d’opposants sont en prison, d’autres empêchés de sortir du pays, c’est le cas de Cellou Dalein, principal opposant au régime de Conakry. Qu’en pensez-vous ?
« L’emprisonnement des acteurs politiques et la restriction de leurs libertés de déplacement est une atteinte grave aux valeurs démocratiques et un coup dur pour notre jeune démocratie chèrement acquise. Je pense que cette situation creuse encore plus le fossé et radicalise davantage les positions. »
Quelle solution préconisez-vous pour une sortie de crise ?
« Pour nous la solution de sortie de crise passera forcément par un dialogue inclusif et constructif. Dans le contexte actuel, il est évident que la participation à ce dialogue est assujettie au respect d’un certain nombre de préalables, notamment la libération de tous les détenus politiques. Ce cadre de dialogue doit être débarrassé des visées politiques et s’inscrire dans un esprit de paix et d’unité des fils du pays. Le calvaire et la précarité des populations nous imposent l’obligation morale  d’œuvrer pour la paix et la stabilité pour trouver les voies et moyens pour sortir notre pays du gouffre. Économiquement les signaux sont au rouge et notre économie est à l’agonie. Le pays ne manque pas d’expertise, il suffit juste de faire preuve de volonté politique de façon sincère. » 

Madiba Kaba / madibak@guineerealite.info

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