Les commentaires des services techniques de la Banque mondiale sur le Plan de riposte de la Guinée contre le Covid-19 ne laissent pas indifférents les politiques, eux non plus. Au nombre de ceux qui, parmi eux, réagissent au document qui fait tant parler de lui, le leader de l’Union pour la démocratie et le développement (UDD), Bah Oury. L’ancien de l’UFDG tient à apporter de la nuance et à rectifier un certain nombre de commentaires qui pullulent sur notamment les réseaux sociaux depuis la divulgation du document.
Il ne s’agit pas en l’occurrence, selon Bah Oury, du rejet par l’institution de Breton Woods du Plan de riposte soumis par le gouvernement guinéen. Celle-ci, à en croire le leader de l’UDD, a plutôt soulevé des incohérences et des manquements. «Je ne pense pas que la Banque mondiale ait rejeté le plan de riposte de la Guinée contre le COVID-19, je pense plutôt que la Banque mondiale a souligné, disons des incohérences et des manquements dans la confection du document. Ils ont beaucoup plus mis en exergue une surfacturation due à des facteurs qui ne sont pas encore explicités. Au lieu de considérer que le montant alloué pour un trimestre pour les abonnés sociaux à l’eau et à l’électricité, dans le plan, ils ont estimé cela à 426 milliards de francs guinéens soit à peu près 46 millions de dollars, or la Banque mondiale qui a accès aux chiffres de la Société des eaux de Guinée (SEG) et de l’Electricité de Guinée (EDG) a eu le montant pour un trimestre qui avoisinerait simplement un million de dollars, c’est-à-dire 6 milliards de francs guinéens, donc 46 millions de dollars et un million de dollars, la différence est excessivement grande», explique Bah Oury.
Cependant, l’ancien ministre de la réconciliation nationale a indiqué que ces incohérences dénotent d’une certaine forme de corruption qui mine l’administration guinéenne depuis plusieurs décennies, « Moi je considère que ce n’est pas un fait rare dans le cadre de la gestion de l’économie nationale. Depuis plus de 30 ans, nous avons souffert de la faible capacité d’absorption de l’économie guinéenne du fait de l’incapacité de certaines des administrations d’avoir des dossiers clairs, précis et chiffrés sans qu’il y ai contestation. C’est ce qui fait que la Guinée peut avoir un crédit de 300 millions de dollars et être incapable d’avoir des projets susceptibles de consommer cette somme dans les délais. Généralement, d’un tel montant, arrivent à peine à décaisser les 30 millions ou tout au plus les 60 millions. Ce qui fait que la Guinée, si on vous donne un milliard de dollars aujourd’hui, le gouvernement dans les conditions actuelles serait incapable, malgré tous les déficits en infrastructures, en services sociaux de base, de monter des dossiers dans les délais requis pour que nous consommions cela. Ça c’est une tare des gouvernements guinéens qui se sont succédé depuis très longtemps, donc ce que nous avons observé là n’est pas un fait rare. Moi je considère que cela fait partie de l’ADN d’une certaine administration qui a beaucoup plus été illustrée par une certaine forme de corruption et de mal gouvernance qu’une erreur ou qu’un chiffre qui n’a pas été bien reporté », a également soutenu le leader de l’UDD, joint au téléphone par notre reporter.