INTERVIEW : « le boycott en politique n’a jamais payé », dixit Boubacar Barry, vice-président du FND

Ça y est ! Le nouveau parlement issu des élections législatives controversées du 22 mars 2020 est désormais installé. L’ancien patron de la majorité présidentielle, Amadou Damaro Camara en devient le nouveau président. Et au nombre des partis représentés dans cette 9ème législature, le Front national pour le développement (FND), de l’ancien ministre de la Communication, Alhousseïny Makanera Kaké dont le parti est allié au RPG-arc-en-ciel. Aussi, au lendemain de l’installation du nouveau bureau, notre rédaction s’est rapprochée de Boubacar Barry, vice-président du FND, avec qui nous essayons de faire la lecture de l’actualité politique, mais aussi celle sanitaire liée à la pandémie du coronavirus.

Comment avez-vous accueilli l’installation du nouveau parlement guinéen ?

« Vous me permettrez tout d’abord de remercier le peuple de Guinée qui a porté toute sa confiance à ces nouveaux élus. Et j’espère bien qu’à leur tour, ces nouveaux députés répondront aux attentes de ce peuple, en défendant ses intérêts surtout. Ils ne doivent pas être que les députés de leurs partis respectifs car, c’est le peuple de Guinée qui les fait élire. Je féliciterais aussi l’honorable Amadou Damaro Camara, président de la 9ème législature guinéenne qui a bénéficié pleinement de la confiance de ses camarades pour présider les destinés de notre Parlement. Monsieur Damaro est un ami personnel d’Alhousseïny Makanéra Kaké, président du parti FND que je félicite également pour son élection sur la liste nationale du RPG Arc-en-ciel. Bref, je félicite tous les députés issus de la mouvance et de l’opposition. Je les invite surtout à œuvrer pour la paix dans notre pays. » 

Vous l’avez effleuré tantôt, vous êtes vice-président du parti FND d’Alhousseïny Makanera Kaké. Pourquoi ne vous êtes vous pas personnellement postulé pour la députation ?

« Vous savez que l’ancienne Constitution (2010) ne permettait pas aux jeunes moins de 25 ans d’être candidat. Sinon le parti avait décidé de présenter une liste dont moi-même je ferais partie. Donc je pense que c’est logique de respecter les lois de la République. Et Dieu merci, cette nouvelle Constitution, permet aux jeunes que nous sommes de participer aux débats politiques. Ceci dit, lors des prochaines échéances électorales, si le parti le souhaite, bien sûr, je pourrais être candidat. »

Vous vous félicitez de la mise en place de la nouvelle Assemblée nationale, mais les opposants à la nouvelle constitution disent que ce nouveau Parlement est « illégal » et qu’ils ne le reconnaîtront jamais. Que leur répondez-vous ?

« Vous savez, le boycott en politique n’a jamais payé. Les leaders de l’opposition dite républicaine ont confondu les élections législatives à un 3ème mandat pour le président Alpha Condé. Ils ont eu tort de ne pas participer à ce scrutin qui n’est pas synonyme d’un 3ème mandat. C’est une erreur politique qu’ils vont regretter amèrement. Puisqu’ils sont condamnés à attendre encore jusqu’en 2025 pour pouvoir participer aux futures élections législatives. Pour répondre à votre question, vous savez en politique, il y a toujours deux camps : ceux qui sont pour et ceux qui sont contre. Le principe de la démocratie voudrait que ceux qui veulent voter, qu’ils aillent voter et ceux qui ne veulent pas, n’ont pas le droit d’empêcher les autres d’exprimer leur opinion. Donc il fallait aller aux urnes pour départager ces deux camps et je pense que c’est ce qui fut fait le 22 mars dernier. Ceux qui ont manifesté, c’est leur droit mais ces manifestations ne pouvaient pas faire annuler les élections. Vous savez, les lois sont faites par les hommes et non pour les animaux. Par conséquent, on doit respecter nos institutions. De toutes les façons, il y a toujours des gens qui continuent à s’opposer à l’élection de Monsieur Alpha Condé en 2010 et en 2015. C’est ainsi que cela se passe partout dans le monde. Par exemple au Sénégal, il y a une partie de la population qui ne reconnaît toujours pas le président Macky Sall, qui ne reconnaît pas les institutions. Même Donald Trump, il y a des Américains aujourd’hui qui ne le reconnaissent pas comme leur président. Donc en Guinée aussi, il faut que nous aussi nous acceptions la contradiction. C’est pourquoi quand l’opposition a décidé de ne pas aller aux élections, nous on est allés. C’est ça la démocratie. »

Outre la crise politique, il y a la crise sanitaire mondiale avec l’épidémie du nouveau coronavirus qui continue de faire des victimes. Quelle lecture faites-vous de la gestion de cette épidémie en Guinée ?

« J’aimerais d’abord féliciter le président de la République qui a pris toutes les mesures pour limiter au maximum la propagation de la maladie du nouveau coronavirus en Guinée. Mais je pense que certains membres du gouvernement ne s’impliquent pas réellement dans cette lutte et sont, par conséquent responsables de ce qui arrive aujourd’hui dans le pays. Ils violent systématiquement certaines mesures prises par le chef de l’État alors qu’ils doivent les faire respecter. Notamment le ministre de la Santé, Dr Rémy Lamah, personnellement je doute de ses capacités à lutter contre cette maladie. Vous savez Dr Sakoba, il n’a que les moyens qu’on lui a donnés. Si le ministre de la Santé et son homologue de la Sécurité n’arrivent pas à faire respecter les mesures édictées dans le décret du président de la République, je pense que celui-ci, devrait prendre ses responsabilités face à ce virus tueur. Qu’à cela ne tienne, il faut que le peuple de Guinée accepte de respecter ces mesures barrières. Sans l’application des mesures d’hygiène, on ne pourra pas vaincre cette maladie en Guinée. »

Il y a quelques semaines, nous apprenions que Monsieur Alhousseïny Makanéra Kaké était souffrant. Dites-nous, quel est aujourd’hui son état de santé ?

« Effectivement, le président Makanéra souffre depuis des mois maintenant. Il est sur Paris. Mais en même temps, nous devons savoir qu’en tant qu’êtres humains, nous sommes tous appelés à tomber malades. D’ailleurs, de ce point de vue, nous avons été surpris par la réaction de certains Guinéens qui l’ont donné pour mort. Je peux vous rassurer que Monsieur Makanéra se porte bien aujourd’hui. Nous attendons la fin du confinement pour qu’il essaie de rentrer à Conakry. »

Madiba Kaba / madibak@guineerealite.info

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