« Allez à une élection avec un fichier corrompu, c’est le risque de préparer le pays à connaître de graves tragédies », réaction de Bah Oury, s’exprimant jeudi soir sur les ondes d’une radio locale, à Conakry. Autant dire que la fiabilité du fichier électoral interpelle et suscite le débat, surtout au sein des acteurs politiques voire même des partenaires techniques.
Le leader du parti UDD, membre de l’opposition plurielle a déclaré que le décret convoquant l’ouverture et la fermeture de la campagne électorale n’est pas une surprise et que le président a agi conformément au chronogramme établi par la CENI (Commission Électorale Nationale Indépendante).
Cependant, l’ancien vice-président de l’UFDG a rappelé les principales raisons du retrait de l’opposition du processus électoral en cours, « ce qui nous concerne (…) Nous UDD et les autres de l’opposition plurielle avons décidé de ne pas participer à ces élections, pour deux raisons : la première principalement, le fichier qui est l’élément permettant d’avoir des élections crédibles et satisfaisantes n’est pas à jour (…) Le fichier est totalement corrompu. Déjà la CENI a indiqué qu’elle a un corps électoral de 8 300 000 électeurs pour une population estimée à 13 000 000 d’habitants. Cela veut dire que c’est beaucoup plus de 60 % de la population (…) Dans aucun pays du monde, vous ne pouvez avoir, surtout dans les pays du tiers monde, cette pyramide en terme d’âges, puisque l’écrasante majorité de la population est jeune, cela veut dire entre 0 et 18 ans (…) Donc ces données de la CENI prouvent que le fichier est corrompu », a fait remarquer Bah Oury.
Pour l’ancien ministre de la réconciliation, le pouvoir et la CENI doivent reporter ces élections au nom de la paix et de la stabilité dans le pays, « allez à une élection avec un fichier corrompu, c’est le risque de préparer le pays à connaître de graves tragédies au moment des élections ou après les élections. Donc pour éviter cela, il faut faire en sorte que le pouvoir et la CENI reculent par rapport à leur volonté d’aller aux élections maintenant et reprendre le fichier pour le corriger. C’est la condition pour la paix et de la stabilité dans notre pays », a lancé Bah Oury avant de dénoncer le projet de 3ème mandat en ces termes, « la question de la constitution qui, au regard de la Charte de l’Union africaine, est un coup d’État en bonne et due forme », a-t-il conclu au micro de Sabari FM.
Diawara Thierno Oumar / todiawara@guineerealite.info