Le Conseil National des Organisations de la Société Civile Guinéenne se prononce sur les opérations d’enrôlement et la révision des listes électorales. Le patron du CNOCG a accordé une interview vendredi 6 décembre 2019 à notre rédaction.
D’entrée de jeu, Dr. Dansa Kourouma a fait une observation sur le processus d’enrôlement des électeurs qui, selon lui, constitue une étape primordiale : « Le fichier reste et demeure l’élément qui doit permettre de séparer les compétiteurs politiques. Alors sa révision ou son amélioration doit être un processus continu. La deuxième observation en attendant des résultats chiffrés, c’est-à-dire le déroulement de l’enrôlement est conforme à une certaine mesure à la recommandation du rapport de l’audit du fichier électoral qui demandait à tous les électeurs de se rendre devant les CAERLES », a-t-il déclaré.
Pour Dr. Dansa Kourouma , le processus d’enrôlement est émaillé de manquement et des insuffisances : « La première chose, c’est l’absence dans la plupart des bureaux d’enrôlement des récépissés ou des fiches de renseignements qui sont des papiers volants. Je ne comprends pas et je n’admets pas que des papiers rames qui doivent être imprimés pour dire à l’électeur qu’il est passé devant la machine tel jour pour se faire enrôler, n’existe plus. La deuxième chose, c’est la qualité technique des machines qui ne parviennent pas à enrôler un grand nombre d’électeurs conformément aux capacités qui lui ont été attribuées. Donc les machines se redémarrent d’elles-même. ça chauffe d’après les opérateurs de saisie. La troisième chose, c’est qu’ il y a des soupçons d’enrôlement de mineurs, alors si les mineurs passent à l’enrôlement, la responsabilité incombe aux CAERLES, mais le processus de dédoublonnage et du traitement du fichier peut permettre d’extirper dans le fichier beaucoup de doublons. Pour la marche du processus d’enrôlement, il faut beaucoup de la bonne volonté politique de part et d’autre. Il faut également une bonne disposition technique de la CENI », a martelé Dr. Kourouma.
Suite aux anomalies constatées dans certaines CAERLES, l’opposition guinéenne a, dans une déclaration conjointe, demandé l’arrêt « immédiat » du processus d’enrôlement. Sur la question, voici la réaction de Dr. Dansa Kourouma: « Je ne peux pas vous témoigner que la survenue des problèmes tient compte des fiefs de l’opposition. Je ne l’ai pas constaté et on me l’a pas rapporté. La nature des problèmes est presque géographiquement représentée sur le territoire national ça veut dire que c’est des dysfonctionnements techniques de la CENI. C’est un manque de préparation mais aussi le manque de motivation des opérateurs de saisie et des superviseurs qui ont été mis au courant tardivement de leurs rémunérations qui ne ressemblent pas à grand-chose », a-t-il commenté.
Pour finir, Dr. Dansa Kourouma lance une invite à l’ensemble des acteurs du processus électoral: « Aux acteurs politiques de faire preuve de responsabilités et à la CENI de corriger les dysfonctionnements que rencontre le processus. Chaque acteur politique doit tirer la couverture de son côté pour que le processus soit parfait, donc l’arrêt du processus d’enrôlement, c’est vrai, c’est une volonté de l’opposition mais je préfère qu’autour de la table du comité de suivi, les problèmes soient posés et que la CENI soit entendue pour que des mesures correctives soient apportées. Une fois encore je demande à ce que la CENI soit réceptive à cette frustration de l’opposition qui est tout à fait normale parce que les insuffisances, elles sont nombreuses », a conclu Dr. Kourouma
Madeleine Kotus / madeleinekotus@guineerealite.info