Laval – France : assemblée générale de l’APRODEB, l’appel du Président Sékou Keïta à ses compatriotes (Interview)

L’Action pour le Programme de Développement de Boffa (APRODEB) vient de tenir son assemblée générale annuelle. Les travaux qui ont connu la participation d’une cinquantaine de membres venus de plusieurs pays européens, se sont déroulés les 19 et 20 octobre 2019 dans la ville de Laval en France.

En marge de cette rencontre annuelle des ressortissants de Boffa, le Président de l’APRODEB a bien voulu nous accorder une interview, au cours de laquelle Monsieur Keïta Sékou a parlé entre autres de la mission de l’organisation… Lisez plutôt, ci-dessous, l’interview !

Quels sont les objectifs de l’APRODEB ?

« Notre objectif primordial est de faire en sorte que les filles et les fils de Boffa vivant en Occident se donnent la main afin de faire face aux difficultés auxquelles notre ville est confrontée. Nous faisons aujourd’hui, un pitoyable constat de notre ville natale. »

Quelle est la date de création de l’APRODEB et d’où est partie l’idée ?

« L’APRODEB a été créée en décembre 2013 à Ohio, aux États-Unis d’Amérique par les fils de Boffa vivant dans cet État. A l’époque, moi j’étais en séjour à Dakar, ils m’ont appelé pour me désigner comme Président. Après il y a eu des élections et j’ai été reconduit à la tête de l’organisation. »

Votre Association connait-elle un nombre important d’adhérents ou de membres ? Et, de combien le Bureau Exécutif, est-il constitué ?

« Nous sommes une centaine de membres avec un Bureau de 18 membres. Les membres ne sont pas qu’en France. Il y a des gens qui sont venus des Etats-Unis, de Danemark, de l’Angleterre, de la Belgique… Bref, nous avons des membres partout en Europe et en Amérique du nord. Généralement, nos entretiens se passent par vidéoconférence pour prendre des décisions qui s’imposent. »

Après quelques années d’exercice, qu’est-ce que l’APRODEB a fait, en termes d’activités sur le terrain ?

« Nous avons réalisé beaucoup de choses à Boffa. En 2016, à la demande de la direction du Lycée Mariam NGouabi, l’APRODEB s’est réunie pour offrir cinquante tables-bancs à cet établissement d’enseignement public. Ce n’est pas tout, nous avons également assisté l’association des jeunes musulmans de Boffa qui organise régulièrement des lectures de Saint Coran pour toutes les filles et tous les fils de Boffa. Qu’à cela ne tienne, nous portons assistance aux fils de Boffa qui arrivent en Occident en leur guidant dans leurs démarches administratives en vue de leur intégration. »

Vous parliez des réalisations que vous avez faites à Boffa. Cela demande forcement les moyens. Quelles sont vos sources de revenus ?

« C’est du volontariat. L’APRODEB n’a pas de bailleurs de fonds. Nos activités dépendent des cotisations des membres. Ce sont ces cotisations qui font vivre l’APRODEB. Nous n’avons bénéficié d’aucun don venant de l’extérieur. »

Parlez-nous un peu de la lecture du Saint Coran qui vient de s’achever ici ?

« La lecture du Saint Coran est une première, depuis la création de l’APRODEB en 2013. Mais cela n’est pas anodin. Le tout premier secrétaire chargé de l’information en l’occurrence Monsieur Diallo Amara est décédé le 09 février 2019 à Moréal au Canada, des suites de maladie. Donc on ne peut pas se réunir à travers l’assemblée générale de l’APRODEB sans penser à lui, étant l’un des fondateurs de cette association. Donc cette lecture du Saint Coran, c’est pour nos morts y compris notre frère Amara Diallo et surtout pour l’épanouissement de l’APRODEB. »

 

La 3ème assemblée générale de l’APRODEB se tient à Laval tout comme les précédentes éditions. Peut-on connaitre vos perspectives à cette occasion ? 

« Nous avons plein de projets sous la main, notamment celui d’aider les élèves de Boffa. J’ai fait mon Bac en 1992. On était vingt-sept (27) dans la classe et tout le monde a décroché le Bac. Le 27ème avait eu 13 de moyenne en sciences mathématiques. Mais ces dernières années, le niveau de l’éducation a fortement baissé. Par conséquent, la ville de Boffa enregistre le plus faible taux d’amis dans les différents examens. C’est inadmissible. Cela doit être corrigé. C’est pourquoi nous avons décidé de mettre en place des groupes pédagogiques. Mettre les moyens nécessaires à la disposition des professeurs chevronnés en vue de former les élèves de Boffa. »

Quels sont vos rapports avec les autorités de Boffa ?

« Nous entretenons de bons rapports. L’actuel maire de Boffa, maître Saïdouba Kissing Camara, depuis la création de l’APRODEB, il a participé à toutes nos rencontres annuelles sauf cette année puisque son calendrier ne lui a pas permis d’être avec nous cette fois-ci. Et puis, lors de mon séjour à Boffa, j’ai rencontré pratiquement toutes les autorités de Boffa. Donc c’est pour vous dire que nous tissons de bons rapports. »

Quel message avez-vous à l’endroit des membres de l’APRODEB mais aussi aux autres fils de Boffa restés au pays ?

« Je leur dirais de ne pas cultiver l’indifférence et de se donner la main, car qui veut, peut. Il faut que les jeunes de Boffa se lèvent, qu’ils se forment davantage. Quand on est bien formé même si l’Etat ne t’aide pas tu pourras t’en sortir. Nous aujourd’hui, si nous parlons, c’est parce qu’on a accepté de se former avec la bénédiction de nos parents. Boffa a 12 projets gigantesques aujourd’hui, mais si les jeunes refusent de se former… Et bien, le recrutement ou l’embauche se fera en leur défaveur ! Ce sont d’autres qui seront recrutés et au détriment des natifs, censés être prioritaires comme l’a prévu le pouvoir actuel.

Nous demandons aussi aux autres ressortissants de Boffa qui sont encore réticents, de nous rejoindre car, nous avons cette préfecture en commun et qui reste notre berceau à tous. Tout ce que nous sommes entrain de faire, c’est pour toutes les populations de Boffa, pas pour une seule famille. Ils n’ont qu’à venir, on a besoin d’eux pour le développement de Boffa et le raffermissement de nos liens. »

L’immigration clandestine prend une tournure inquiétante. Quel est votre avis là-dessus ?

« Quand vous parlez de l’immigration clandestine et que je vois des jeunes entrain de périr dans la méditerranée, ça me fait mal au cœur. Malheureusement, c’est un fléau voire un phénomène mondial dont on ne peut espérer freiner sans aider les populations à la base, comme nous nous y investis. C’est trop politique au haut niveau. Mais moi, en tant que Boffakas, je demanderais aux jeunes de Boffa de s’abstenir, de ne pas tenter cette aventure au risque de leur vie. En contrepartie, nous avons un projet en étude pour aider ces jeunes sur place à travers une coopérative. Il s’agit là d’envoyer des bateaux de pêche permettant aux jeunes d’avoir de l’emploi. Voilà, une méthode efficace pour endiguer le fléau, éviter tous ces cas de morts. Nos jeunes ont du talent et nous devons nous atteler à leur créer de meilleures conditions d’études, de travail et de vie. »

Entretien réalisé par Thierno Oumar Diawara, envoyé spécial  

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