Exclusif: le vice-président du Front National pour le Développement (FND) appelle les États-Unis à respecter le peuple de Guinée (Interview)

La position de la maison blanche face à la modification constitutionnelle continue de faire réagir des politiques à Conakry. Après l’honorable Amadou Damaro Camara de la mouvance présidentielle, c’est autour du vice-président du parti FND (Front National pour le Développement) de se prononcer. Barry Boubacar, puisque c’est de lui, qu’il s’agit, s’est réjouit vivement de la déclaration du secrétaire d’État américain aux affaires Africaines.
Pour lui, la reconnaissance de la souveraineté du peuple de Guinée par la maison blanche permettra au peuple de Guinée de prendre ses responsabilités face à ce sujet brulant de l’heure.
Lisez plutôt l’entretien que le vice-président de Makanera Kaké a bien voulu accorder à notre rédaction !
Quelle lecture faites-vous de la déclaration du Secrétaire d’État adjoint aux Affaires africaines, l’Américain Tibor Nagy sur la modification des constitutions en Afrique, d’une manière générale ?
 « Ma réaction, elle est très simple. D’abord Monsieur Nagy Tibor a dit clairement que chaque peuple est libre, autonome et souverain. Partant de là, il est inacceptable en ce 21ème siècle, étant un pays souverain et indépendant, de recevoir  des ordres venant de l’extérieur. Mais tout ça, c’est la faute à nos dirigeants et à nos politiques qui prétendent diriger la Guinée. Il faut que les occidentaux acceptent de nous respecter et que nos hommes politiques aussi acceptent de respecter le peuple. Bon ! Comme l’a dit le représentant de Donald TRUMP, chaque peuple est souverain, donc je pense que le peuple de Guinée prendra ses responsabilités.»
Précédemment, vous disiez que c’est la faute aux hommes politiques. Que leur reprochez-vous au juste ? 
« Vous savez, les États-Unis d’Amérique ont organisé l’élection présidentielle en 2016. Nous avons tous suivi le déroulement de ce scrutin. Il parait qu’il y a eu des ingérences de la Russie mais l’Union Africaine, la République de Guinée n’ont pas condamné, nous avons juste pris acte des résultats proclamés. Nous aussi, nous aimerions qu’ils fassent comme cela. Maintenant, si nos soi-disant hommes politiques qui prétendent diriger ce pays en viennent à recevoir des ordres et demander de l’aide des grandes puissances, cela veut dire que nous sommes pas prêts encore à être autonomes.»
Vous, vous êtes favorable au projet de changement constitutionnel favorisant un 3ème mandat pour Alpha Condé ?
« Je suis favorable au changement de la constitution par voie référendaire. Puisque l’actuelle constitution comporte beaucoup d’anomalies qu’il faut revoir. En fait, la constitution, ce n’est pas le coran encore moins la bible. En plus, cette constitution n’a pas été votée par le peuple. D’ailleurs, il n’y a pas débat là-dessus, je pense que la Guinée en a besoin. Maintenant, parlant de l’affaire de 3ème mandat, ça c’est autre chose. Déjà, le président de la République ne s’est pas prononcé officiellement sur cette question, comme quoi qu’il veut un mandat supplémentaire. Donc, le débat n’est pas là. Le débat est que nous voulons soumettre une constitution au peuple souverain de Guinée qui va s’exprimer. Je pense que c’est la meilleure des choses.»
Vous avez fait cas aux anomalies dans l’actuelle constitution. Voulez-vous nous en parler un peu ?
« Il y’en a plusieurs, mais je vais vous citer quelques-unes. Avec la Justice par exemple, le président peut révoquer un juge. Vous voyez, la Justice n’est pas indépendante. La Constitution que nous avons ne prône pas totalement l’indépendance de la Justice. Elle ne permet pas la participation des jeunes de moins de 25 ans aux élections, comme moi, etc…Voyez-vous ? »
Votre parti FND est moins présent sur le terrain, comment se porte-t-il ?
« Notre parti dirigé par le président Alhousseine Makanera Kaké se porte très bien. Vous savez en Guinée, tout ce qui se passe est purement ethnique. Et notre président Makanera est issu d’une ethnie qui n’est pas majoritaire en Guinée. En plus, notre parti est jeune dans le marigot politique. Et, nous n’avons pas les mêmes capacités de mobilisation que les autres anciens partis. Mais en dépit de tout, on se bat, la preuve est que la dernière élection communale, Monsieur Makanera était candidat indépendant à Boké. Nous avons eu deux sièges, c’est-à-dire deux conseillers communaux.»
Votre président Makanera, hier porte-parole du chef de file de l’opposition, aujourd’hui il fait la promotion d’une nouvelle constitution en faveur du parti au pouvoir. Qu’en pensez vous ?
« Vous savez, la politique n’est pas une religion. Monsieur Makanera est leader d’un parti politique. Et si vous êtes leader d’un parti politique et que vous dites que vous ne bougez pas, vous ne changerez pas de camp, cela veut dire que vous n’êtes pas prêt à conquérir le pouvoir. C’est la première des choses. La deuxième des choses, si vous avez constaté, il y a des leaders politiques aujourd’hui dans la mouvance mais qui étaient dans l’opposition. Vous savez en politique, ce sont les intérêts qui lient. En politique il n’y a pas de conviction, dire que oui, je suis né ici, je vais mourir ici. Donc si l’intérêt de votre parti vous permet d’accéder au pouvoir, et bien, vous pouvez y aller. Tout le monde est marionnette en Guinée. Le chef de file de l’opposition, Elhadji Cellou Dalein Diallo, il a de très bons rapports avec le président Alpha Condé, on ne peut pas le nier.»
Est-ce que votre parti est prêt aujourd’hui à faire fusion avec le RPG Arc-en-ciel à l’image du GPT du PM Kassory ?
« Non ! Non ! déjà il n’y a pas de fusion entre le RPG-Arc-en-ciel et le FND. Nous sommes un parti allié du RPG Arc-en-ciel. Nous travaillons ensemble. Nous sommes venus pour aider le président de la république, nous sommes venus pour aider le peuple de Guinée. Donc, on a pas un projet de fusion avec la mouvance. Cette question n’est pas à l’ordre du jour.»
Vous avez embrassé très jeune la carrière politique, moins de 25 ans. Quel message avez-vous à l’endroit de la jeunesse guinéenne ?
« Je dirais à la jeunesse guinéenne d’être honnête et que le pays-là nous appartient. Le moment est venu pour nous les jeunes de se battre pour changer la donne. La jeunesse doit savoir que la politique, c’est un art, ça ne s’improvise pas, ça s’apprend. Personne n’est né politique, personne n’est né savant. Il faut qu’on essaye de faire des débats objectifs afin de sortir des débats ethniques. Je pense que ça serait très important pour nous et pour le pays aussi. »

Entretien réalisé par Thierno Oumar Diawara / thierno.diawara@guineerealite.com

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