On se souvient, le 25 février 2017, le président Alpha Condé a procédé au lancement en pompe de la compagnie Guinea Airlines, appartenant à l’homme d’affaires Antonio Souaré.
Bientôt deux ans après le lancement des ses premiers vols, cette compagnie aérienne, qui devrait combler le déficit du pays en moyens de transport aérien, après la faillite de la compagnie nationale Air Guinée, peine à son tour à décoller.
Alors que l’attente reste trop grande, le patron de Guinée Games, qui a noué un partenariat avec Regourd Aviation basé à Paris, à travers sa structure, Guinée Business Marketing (GBM), ne parvient toujours pas à faire bouger les choses.
Cet avion d’un Embraer ERJ145 de 50 sièges destiné à l’international et d’un ATR 72-500 de 64 sièges devrait desservir le sol Africain.
Les premières liaisons devraient l’emmener « vers les pays voisins », avant l’ouverture de lignes intérieures « sur Kankan, N’Nzérékoré et Labé avec continuation sur Dakar, Bamako, Monrovia et Freetown ».
Deux ans après, le constat est tout autre. La compagnie aérienne peine à démarrer ses activités en Guinée. S’agit-il de l’amateurisme ou bien d’un manque de volonté politique ?
S’exprimant au cours d’une conférence de presse, le patron de Guinée Games a fait savoir que « La compagnie, elle est créée, elle est là, les avions sont disponibles, mais il y a des aléas. » Ces aléas sont-ils liés au nom cité de Mohamed Alpha Condé, le fils du Président Alpha Condé dans les affaires ou à l’amateurisme ? Difficile de comprendre pour l’instant.
Et pourtant, Antonio Souaré avait indiqué au lancement officiel, que la mise en place de cette compagnie visait à : « tourner la longue, douloureuse et sombre page d’une situation qui a rendu le trafic national de nos concitoyens totalement dépendants des aléas des autres compagnies étrangères, desservant Conakry au gré de leurs intérêts depuis la mise à mort de notre souveraineté et fierté nationale ».
Malgré les annonces en fanfare et les promesses non tenues, Guinea Airlines peine toujours à décoller, à cause notamment des effluves politiques qui accompagnent le projet. Dès le départ en effet, l’enthousiasme était contenu par un optimisme mesuré chez les Guinéens. Le camp d’Alpha Condé voulait narguer Dalein Diallo sur qui il renvoie toutes les accusations concernant la vente d’Air Guinée, la défunte compagnie nationale. Cette compagnie est-elle le fruit d’un partenariat public-privé, parce qu’on parle de la France, de la Turquie entre autres ? Guinée Airlines dispose de combien d’avions ? Les aérodromes de Kankan, Labé, N’zérékoré, etc., répondent-ils aux normes ? Cette flotte, comme c’en est une, assure-t-elle les voyages répétitifs d’Alpha Condé ou elle est à la solde de son géniteur, Antonio Souaré ? Guinée Airlines est-elle différente d’Air Guinée ?
S’exprimant sur ce fameux projet, Aboubacar Sylla, le ministre des Transports explique quelques préalables avant le démarrage des activités de Guinea Airlines: «Nous avons décidé de tout faire en 2019 pour rénover brièvement quelques aéroports et aérodromes régionaux pour que la future compagnie Guinea Airlines qui est en voie de lancement,( la phrase n’est pas complète…c’est pas cohérent) puisqu’on est au stade de certification des aéronefs de cette compagnie, il y a déjà trois avions qui sont déjà mis à disposition par le partenaire Ethiopian, mais nous sommes au niveau de certification de l’aéronef. Nous sommes au quatrième niveau, c’est à-dire l’avant-dernier niveau, avant que cette certification ne libère ces avions avec la rénovation à minima de certains aérodromes comme ceux de Boké, de Kankan, de Labé, de N’Zérékoré et de Fanarah, que nous puissions avoir une compagnie nationale qui va pouvoir donc évoluer dans notre pays.»
Un député s’était vite prononcé : « Un avion à réaction ne peut atterrir sur des pistes non bitumées », tranchait-il avant d’ajouter : « Un avion de cette taille (moins de cent places, selon des sources, NDLR) n’est pas financièrement rentable dans des conditions actuelles ». Kalémodou Yansané s’était tout de suite fait taper par le RPG. 3 ans après, on se rend compte que l’opposant a bien raison.
L’autre souci : le cas d’Alain Rigourd, le fameux partenaire du Groupe Business Marketing (GBM) appartenant à Antonio Souaré et Cie fait débat. Considéré pour les uns comme un «mercenaire dans le ciel africain », un « sulfureux » aux ambitions démesurées tant au Gabon qu’au Congo où il possède deux compagnies aériennes: Equajet basée à Brazzaville, et Equaflight Services à Pointe Noire, Alain Rigourd est loin d’être fiable.
Il y a donc de quoi se faire du sang noir, en tentant de se faire peur pour certainement dissuader ceux qui creusent pour mettre à nu les péripéties de la mise en place de Guinea Airlines dont les liaisons prévues étaient : Labé–Dakar-Banjul; N’zérékoré-Abidjan; N’zérékoré-Monrovia- Freetown; Kankan-Bamako-Abidjan; Siguiri-Bamako-Abidjan. On scrute toujours le ciel mais rien. Antonio le confirme en désespoir de cause : « Nos avions ne volent pas encore au niveau local, c’est parce que les aéroports ne sont pas prêts. »
Piqué au vif avec la politisation de Guinea Airlines, Antonio avait tranché : « Guinea Airlines n’est pas une compagnie du gouvernement guinéen. Ce n’est pas une compagnie nationale, c’est une compagnie privée, créée par un groupe de société qu’on appelle Groupe Business Marketing (GBM) et qui appartient à un investisseur guinéen.» Le doute et le suspens continuent, malgré l’accord paraphé par les trois parties portant principalement sur la gestion, la maintenance et la formation du personnel.
Dix sept ans après la disparition de la compagnie nationale Air Guinée, le pays peine toujours à se doter une compagnie aérienne pour desservir les villes de l’intérieur et les pays voisins.
Pour la Rédaction du groupe Sud Média Guinée (WA)